Dans cette article, on va regarder comment vous allez pouvoir intégrer votre client dans votre processus créatif. L’idée étant de maximiser votre épanouissement dans la mission et faire en sorte que vous ayez une relation harmonieuse avec votre client. C’est toujours compliqué de devoir gérer les accotés émotionnels d’une relation commerciale. Cela génère de la charge mentale et toutes les parties prenantes en pâtissent, consciemment ou pas.
L’objectif de cet article est d’aussi de savoir s’exprimer dans les bonnes conditions. C’est à dire, ne pas en faire trop au point de vouloir absolument imposer votre façon de penser ou se laisser totalement dominer par le rapport de force imposer par votre client.
Reprenons les bases, c’est quoi la démarche créative ?
Ainsi, avant de débuter, reprenons tout de même les bases de ce qu’est la créativité. Alors je ne vais pas avoir la prétention (ni l’expérience) de donner une définition de ce qu’est la créativité. Cependant, nous allons tout de même reprendre les différentes méthodologies à votre disposition pour intégrer votre client dans cette aventure. C’est Graham Wallas qui définit le mieux ce modèle du processus créatif dans son livre The Art of Thought (1926). Aujourd’hui, sa vision reste une référence.
La méthodologie classique
On va appeler ça la méthode classique parce que c’est généralement la première (et la seule) méthode que l’on enseigne en école au moment où vous allez commencer une relation commerciale avec votre client. Finalement, elle n’est pas si éloignée de notre manière de réfléchir et du fonctionnement de notre cerveau quand on souhaite résoudre un problème ou commencer un nouveau projet. Si on la résume ; on va chercher à donner un cadre pour ne pas divaguer et rester concentrer sur notre objectif, on va aller chercher de l’inspiration et faire une première esquisse , sur laquelle on va itérer pour aboutir au projet final. Evidement toutes ses phases sont ponctuées par un aspect émotionnel fort mais ce n’est pas l’objet de l’article …
Etape 1 . Le briefing créatif
Je ne vais pas vraiment le définir ici, c’est un incontournable. Il va vous permettre de donner un cadre à votre projet. Vous allez chercher à cerner le besoin du client. De son côté, le client le client doit avoir conscience de son besoin et de sa problématique. Il doit la définir clairement et précisément. C’est à dire utiliser des mots simples et compréhensible de tous. Forcément, si de votre côté, vous n’arrivez pas à cerner son problème, comment réussir à lui donner une solution graphique ? Cela veut dire aussi que vous devez l’aider à formuler ses idées en lui donnant des exemples, des inspirations ou en l’invitant à vous montrer ce qu’il aime, ce qu’il veut et comment il le veut.
D’ailleurs, là encore c’est un point trop peu souvent mis en avant : le résultat escompté. Vous devez demander à votre client ce qu’il attend de vous et comment il l’attend, dans quelle condition. Vous aussi, vous devez vous projeter dans la relation et le projet.
Puis, vous allez évidemment les questions concernant la cible, le ou les persona qui vont utiliser la solution, le logo, le document, etc. Même si cela paraît futile, je ne vais pas le redire mais la cible est un passage obligé dans un briefing créatif. Elle va cristalliser tous les objectifs et les axes de développement du projet. En tant que professionnel(le)s, vous vous devez de rappeler à votre client que c’est le persona qui drive le développement du projet et non pas le client. Toutes les décisions doivent se prendre par rapport à ce dont le persona a besoin.
Enfin, le client doit être clair et transparent avec vous. Il doit vous donner plusieurs deadlines, suivant les différentes phases du projet, et potentiellement avoir déjà découper le projet en amont. Si votre client ne peut vous donner ces indications, vous allez déterminer un marqueur temporel et financier pour permettre à votre client de se projeter lui aussi dans la relation. Il doit être en pleine possession de ces indicateurs pour faire les meilleurs choix et ne pas avoir la sensation que vous essayer de le « tromper » ou autre.
Retenez bien que donner un cadre permet toujours de mieux focaliser et donc travailler sa créativité.
Etape 2 . La phase de recherche
C’est bon, vous venez de valider le budget avec votre client, vous avez définit le cadre dans lequel vous allez évoluer. Vous allez commencer à travailler sur le projet en allant chercher plusieurs sources d’inspirations. C’est là qu’intervient l’exercice du moodboard.
Par rapport au cadre que vous avez définit avec votre client, vous allez tenter de traduire graphiquement et visuellement ce que souhaite et ce dont à besoin votre client. Concrètement, on va prendre un espace (tableau pinterest, google drive, notion, power point, etc.) que vous allez partager avec votre client. Au delà de créer une planche de tendance, l’intérêt est forcément de l’expliquer à son client. Je suis persuadé que dès cette étape, vous vous devez de démocratiser (évangéliser ?) vos choix créatifs.
Le risque, c’est que votre client vous demande de partir sur un axe bien précis repéré dans une planche, qui soit bien différent de l’axe initiale sur lequel vous vouliez partir. J’enfonce peut-être une porte ouverte, mais je considère que c’est déjà à ce niveau là que votre job de graphiste intervient. Vous devez être à même de défendre vos choix et de convaincre votre client de rester sur les choix que vous avez fait.
Etape 3 . Les premières esquisses et les choix
Une fois que vous avez avancé sur la phase de recherche, vous allez commercer à produire un visuel et faire des choix dans les tendances que vous avez trouvé. C’est une phase délicate dans laquelle vous allez chercher à traduire vos recherches par une réalité graphique, c’est à dire par des images, des formes, des couleurs, typographies, etc.
L’enjeux est de réussir à transporter votre client dans ces choix et dans vos recherches. Je vous conseille de
Etape 4 . Conception et itération
Enfin, on rentre dans la dernière phase où vous allez commencer à concevoir le visuel. Un jeu de navette va s’installer entre toi et ton client pour finalement aboutir sur le visuel final.
La méthodologie du design thinking & le design sprint
On en va pas rentrer dans le détail de ces 2 méthodologies. J’en ferai d’ailleurs des articles un peu plus tard. Ce sont des méthodologies très intéressantes dans le cadre de la conception de produits digitaux, ou en tout cas dans une démarche plus technologique.
Dans tous les cas, voici les différentes étapes de chacune des 2 méthodologies :
Méthodologie design thinking
- Définir. Déterminer une problématique précise par l’étude et l’analyse de son environnement.
- Rechercher. S’entretenir avec le client. Adopter un esprit critique et constructif afin de comprendre les échecs passés. Élaborer une nouvelle stratégie de recherches afin de répondre au mieux à la demande client. Explorer et approfondir des pistes de recherches.
- Imaginer. Enclenchement du processus d’idées et les concevoir. Choix du modèle idéal.
- Prototyper. Réalisation et test de plusieurs modèles en vue de générer de l’empathie vers le client.
- Sélectionner. Amélioration des modèles. Puis identification du concept le plus représentatif des attentes du client et proposant des aspects économiques, techniques et technologiques inédits.
- Implémenter. Fixer les objectifs et organiser une ligne directrice au projet.
- Apprendre. Réflexion sur le concept choisi avec le client. Vérification et points à améliorer au besoin.
Méthodologie design sprint
Jour 1
Poser la problématique : challenges à relever, empathie avec les utilisateurs cibles, problème majeur à résoudre…
Jour 2
Chercher ensemble toutes les solutions imaginables. Dessiner les solutions (Sketch).
Jour 3
Sélectionner la meilleure solution sous forme de votes.
Jour 4
Construire le prototype de la solution. L’objectif est d’avoir un POC (proof of concept, preuve de concept) suffisamment réaliste.
Jour 5
Recueillir les impressions des utilisateurs.
Ok, maintenant on sait dans quel contexte notre client va être intégrer dans notre processus créatif. N’hésitez d’ailleurs pas à rajouter en commentaire votre manière de travailler votre processus créatif.
On va voir maintenant comment vous allez pouvoir interagir avec lui, de façon à lui comprendre votre démarche créative et comment il peut influencer cette démarche créative. L’idée étant de finaliser le projet dans les meilleures conditions.
Réussir à se mettre à la place de son client
Rentrons dans le vif du sujet : Comment faire adhérer votre client à votre démarche créative ? Maintenant que l’on part de la même base, que nous savons ce qu’est une démarche créative et les outils à notre disposition pour avoir de créativité, on va regarder dans la suite de cet article, les différentes méthodes pour faire adhérer notre client à notre démarche créative.
Apprendre au client à se laisser guider
Dans la majorité des cas, votre client ne connaît rien au graphisme. Ce n’est pas son métier. Cependant, il souhaite interagir dans votre processus créatif. Et c’est légitime, on parle de son projet tout de même. Il faut donc que chacun d’être vous réussissiez à se nourrir l’un de l’autre pour ne pas qu’il y ait de frictions et que le projet se passe au mieux. Même si ça peut paraître contre intuitif, il faut apprendre à dompter le client et qu’il se laisse finalement guider par votre démarche créative. Le meilleur moyen est qu’il ait confiance en vous.
Faites lui comprendre que vous êtes dans le même bateau
Même si vous ne faites pas parti de son voyage entrepreneurial, permettez lui d’avoir confiance en vous. Quand vous allez commencer une mission avec votre client, il doit sentir que vous êtes impliqué dans le projet, comme s’il pouvait vous laisser les clés du camion.
De l’autre côté, cela sous-entend que vous êtes réellement impliqué dans la mission et que avez vraiment envie de travailler à 100% avec ce client. Si ce n’est pas le cas, ayez l’honnêteté de lui dire et ne commencer pas votre relation commerciale.
Projetez le dans votre manière de travailler
Cherchez à rassurer directement votre client. Avant même le début de votre relation s’il le faut. Et pour cela, vous devez le projeter dans la manière que vous avez de travailler. Vous devez lui montrer les différentes étapes de la création d’un logo, d’un document print, d’une page web. Vous devez lui dire ce que cela implique de faire des modifications sur un logo ou un flyer. Avant même que vous ayez commencer votre relation client, il doit vous connaître (presque par coeur) et doit savoir quelles sont les prochaines étapes après la signature du contrat.
Invitez le à demander « Pourquoi »
Encore une fois, votre client n’y connaît rien au graphisme ou au design. S’il n’est pas d’accord quand vous lui livrez un visuel, invitez le à demander pourquoi il n’est pas d’accord. On reste sur de la communication. Si vous ressentez une friction, invitez le à s’ouvrir et à dire ce qu’il a sur le coeur. Cela peut paraître risible ou futile, mais oui, vous devenez un peu son/sa psychologue.
Partager sa démarche créative à son client de la meilleure manière
C’est toujours difficile de partager sa démarche créative à son client, notamment quand ce dernier n’est pas très digital. On ne sait pas trop comment lui envoyer nos visuels ou ce que l’on a fait. L’envoi-t-on par mail, slack, lien, google drive, wetransfer ? Ça peut vite devenir la galère.
Le mieux est de mettre un système ouvert dans lequel le client pourra commenter librement ce que vous avez fait. Généralement, lui partager un dossier Google Drive reste la solution la plus viable dans la mesure où il pourra vous faire un retour sur les pdf.
Vous avez aussi Notion qui fonctionne de la même manière que Google Drive et dans lequel votre client pourra commenter vos visuels.
Définissez une routine où chacun d’entre vous intervient
Vous êtes un expert. Vous devez donc avoir une tribune sur laquelle vous exprimez pour exposer la démarche créative mise en place. De l’autre côté, vous devez aussi libérer la parole pour votre client afin qu’il exprime son ressenti. C’est une sorte de débat entre vous. Le mieux est de vous donner des créneaux hebdomadaire assez rapide (15/20min) pendant lesquels, chacun d’entre vous va s’exprimer sur le ressenti de la mission, l’avancée, comment vous avez travailler et ce qui reste à faire. Vous n’êtes pas là pour parler des retours à faire ou ce que le client n’aime pas. Bien au contraire, vous êtes là pour capitaliser sur cela. Ecouter pendant plusieurs un client se plaindre de choses et dire ce qu’il n’aime n’est pas très intéressant, autant qu’il le fasse par écrit. Non, vous êtes là pour écouter et faire grandir le projet.
L’idée est d’avoir un endroit dans lequel vous allez pouvoir exprimer vos idées et avoir une forme d’intelligence collective pour faire grandir la démarche créative. Cependant, vous dites bien à votre client que vous n’êtes pas là pour écouter les retours qu’il a sur votre visuel. Pour cela, il y a le google drive ou tout autre moyen pour faire remonter de l’information. Non, cette routine est là pour échanger sur comment améliorer le visuel en rapport avec le feedback qu’il vous a laissé.
Pour conclure
On veut de l’empathie non d’une pipe. Que ce soit côté client ou côté prestataire, il faut que chacun d’entre vous réussisse à se mettre dans la peau de l’autre pour comprendre comment tout cela s’emboîte et faire avancer le projet. Bien évidemment, cela implique de l’investissement, du temps, de l’acceptation et de la communication.